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Aziza JAFFER: Le « SEVA » qui manie l’art et l’humanitaire d’une poignée

Aziza Jaffer SHARMA est une artiste et danseuse Bollywood qui a marqué nos esprits grâce à ses actions humanitaires qui utilisent l’art comme canal de sensibilisation du public sur des sujets tabous qui touchent notre quotidien.

Celle qu’on surnomme « Didi » (grande sœur en hindi ndlr) est âgée de 38 ans. Elle est née au Canada, a grandi au Burundi depuis le déménagement de ses parents à ses 8 ans, mais a dû y retourner à 18 ans pour ses études supérieures. Elle reviendra à ses 25 ans après un lourd combat avec sa maladie dû à une tumeur sur la glande surrénale, un combat qu’elle a mené pendant quatre ans et qui a fini par lui payer un billet retour au bercail : « Mu Burundi, igihugu c’amata n’ubuki. »

Dès son plus jeune âge, elle était vouée à un grand destin et cela l’a conduite à prendre part à des ambitions plus grandes : « Quand j’étais encore à l’université, mon plus grand rêve était de devenir le président des États-Unis, et pourquoi ? Parce que c’est la personne la plus puissante au monde; et si tu es dans cette position, tu as le pouvoir et la capacité de faire beaucoup de différences dans les vies de plusieurs personnes. »

Mais tout a commencé, quand elle a compris que sa vie n’allait pas seulement dépendre de sa survie, mais aussi de la survie de toute son espèce. Alors Ladies and Gentlemen, voici Aziza Jaffer SHARMA comme jamais vous ne l’avez connue auparavant.


Le « Behind The Scene » d’une Icone !

« Depuis mes 2 ans, j’avais déjà ce vibe en moi, je dansais parfois toute seule dès que j’entendais de la musique sonner. Mes parents avaient fini par remarquer cela, et c’est à mes 5 ans, qu’ils m’ont inscrit à des cours de danse classique indienne appelée Kathak ».

Le Kathak est un style de danse classique de l’époque ancestrale, que les danseuses de la cour utilisaient pour divertir le roi. « J’étais la plus jeune de la classe, mais j’étais déjà là préférée de mes professeurs, car j’étais déjà très douée et mon talent ne mentait pas ». Elle n’oubliera pas de remercier ceux qui ont fait que cela soit possible. «Je ne remercierai jamais assez ma famille, surtout mes parents de m’avoir permis de découvrir la danse dès mon plus jeune âge. Ils m’ont encouragé à étudier et à faire carrière, comme ils m’ont aussi encouragé avec la danse ».

Mais dès son déménagement au Burundi, à l’âge de 8 ans, il n’y avait pas d’écoles pour qu’elle continue à apprendre la danse, alors comme solution, elle a dû choisir l’option films et vidéos. « Mon idole et inspiration était l’actrice et icône de la danse Madhuri Dixit, je l’imitais beaucoup avec ses danses dans les films Bollywood et j’ai dû apprendre tout ce que je sais grâce à ses chorégraphies ».

Quand son talent prend une telle ampleur, on pense déjà à en faire un pont d’attache vers sa vocation. « J’ai toujours voulu être une artiste qui fait une différence avec son art, que ce soit individuellement ou soit en groupe avec d’autres artistes ».

Elle a fini plus tard par créer Az Dance, une école basée ici au Burundi pour apprendre la danse Bollywood.

Destin, quand tu nous tiens !

Avec des études en aide sociale, Aziza a travaillé avec différentes organisations dans le développement des projets. Son tout premier projet dans l’humanitaire en tant que volontaire sur terrain, s’est passé au Kenya. « J’avais 21 ans quand je me suis retrouvée au Kenya avec l’organisation Help The Aged dans un petit village en tant que community developper et social worker. C’était un petit village reculé appelé Matangwe où il n’y avait pas d’internet, ni d’infrastructures modernes. Les gens se déplaçaient à l’aide des Matatu et Boda Boda, .…pour arriver à Bondo, la ville la plus proche avec des cybers café pour pouvoir se connecter à Internet ».
«On donnait de l’aide à 17 autres communautés environnantes, notamment les Luwos, dont est originaire l’ancien président des États-Unis, Barack Obama. Les populations de cette localité souffraient de VIH avec une mortalité des adultes et des parents très élevée ».

« Notre travail consistait à les aider en créant des associations d’épargne et d’entraide auprès des personnes âgées qui se retrouvaient à prendre en charge leurs petits enfants au bas âge ».

À un si jeune âge, elle savait déjà où sa vie menait et ce qu’elle voulait en faire. « J’ai su que ça a toujours été mon rêve d’apporter mon aide aux gens qui m’entourent, que ce soit dans la communauté indienne, dans la communauté burundaise, ou même dans le monde entier ».
Plus tard, elle a réussi à marquer la différence en tant qu’artiste en démontrant que l’art peut aussi servir à des fins humanitaires. «L’année passée, j’avais commencé avec le sujet sur le changement climatique et c’est ce qui m’a conduit vers mon deuxième projet qui vient tout juste de sortir sur la santé mentale.»

« L’idée principale était de lancer le message, sensibiliser le public sur la santé mentale et permettre aux gens qui en ont besoin de savoir où se présenter pour avoir de l’aide auprès des professionnels de santé. C’était comme un plaidoyer pour leur montrer la situation actuelle et les réalités quotidiennes qui ont besoin d’une intervention immédiate ».


Un projet réalisé à un haut standard et avec une équipe de professionnels en vue d’assurer le succès de ce dernier. « Nous formons toute une grande famille d’artistes qui sortent « out of the box  » pour offrir le meilleur de nous-mêmes grâce à nos talents et notre créativité. J’ai eu la chance de rencontrer des artistes comme moi, qui ont la même soif de participer au développement de cette industrie. Pour certains, on s’est rencontré sur d’autres projets et j’ai vu le potentiel qui était en eux, et pour d’autres, ce sont des artistes que je connais depuis pas mal de temps et qui sont très doués dans ce qu’ils font ».


Le 10 octobre a marqué la soirée de lancement de sa fameuse vidéo “Break the Silence” au Restaurant-Bar Arena, mais jusqu’à aujourd’hui la promotion continue. « Nous sommes en train de promouvoir la vidéo sur les réseaux sociaux et les plateformes avec lesquelles on a travaillé ensemble, nous faisons aussi des expositions chez Orphée, Roca Golf, et LM Café ».

On en vient à se demander comment de tels projets qui demandent d’énormes budgets pour la production et la réalisation, ont pu aboutir à une porte de possibilités. « Au début, je suis allée demander des fonds pour couvrir le budget de production à certaines coopérations ou autres organisations qui financent d’autres projets de ce type, mais la réponse n’a pas été aussi positive. Heureusement que j’avais mis de l’argent de côté pour ce projet, et j’ai dû toucher à ma propre épargne tout en gardant espoir que les sponsors allaient se raviser et venir soutenir ma cause. Mais quoi qu’il en soit, je gardais toujours en-tête que cette vidéo devait se produire dans les temps et sortir à la date officielle qui était déjà proposée ».


Malgré quelques portes claquées au nez, elle ne s’est pas découragée et d’ailleurs, quelqu’un de spécial y est pour quelque chose. « Je ne cesserai jamais de remercier mon mari. La plupart des sponsors sont ses amis et ses contacts. Il fait tout pour me soutenir dans ma passion et il est toujours présent à mes shootings. C’est lui qui ramène les boissons et la nourriture pour les artistes et il est toujours en train de nous encourager dans un coin pour que tout soit parfait. Rien n’est aussi génial que quand tu as un partenaire présent et encourageant, tu sens que tu peux conquérir le monde grâce à leur incommensurable soutien. »

Le futur de l’industrie artistique.

En Afrique, l’art est souvent considéré comme une filière sans lendemain où les artistes ne sont pas payés comme il faut et où il n’y a pas assez d’investisseurs qui soutiennent les artistes. Selon Aziza, le problème vient de notre société elle-même. « Les artistes ne se font pas payer parce que l’art est dévalorisé ; mais plutôt parce que la société ne conçoit pas l’art comme une source inépuisable pour le développement économique. Mais si on regarde bien, tout ce que nous possédons a été fait par un artiste qui a imaginé la forme d’une chaise, le design d’une fourchette ou même le modèle d’un ordinateur. Et tout cela constitue des choses matérielles qu’on utilise très souvent dans notre quotidien et qui nous servent dans tout ce que nous faisons ».


Quant aux différentes manières de faire évoluer les choses, elle affirme qu’il y a plusieurs façons d’utiliser l’art pour défendre plusieurs causes et ainsi participer au développement de nos communautés. « La première est d’utiliser l’art comme canal de communication ou de sensibilisation sur les différents fléaux auxquels nous faisons face chaque jour. La deuxième est de récolter les fonds à travers les recettes versées lors des évènements que les artistes organisent pour soutenir d’autres causes qui le méritent ».

C’est vrai que l’industrie de l’art a encore besoin d’être soutenue pour qu’il puisse prospérer, mais elle ne nie pas qu’il y a encore beaucoup de choses à faire pour que le succès de cette industrie soit possible. D’après elle, il faut que les artistes se perfectionnent dans leurs domaines et qu’ils soient professionnels dans tout ce qu’ils font « C’est un travail comme les autres, si vous êtes convoqué quelque part, soyez à l’heure et remettez le travail à temps. Pour ceux qui sont encore dans leurs débuts, perfectionnez-vous, soyez unique et créatifs, et ensuite vendez-vous ».

Elle continue: « Aujourd’hui, grâce aux réseaux sociaux, les artistes peuvent enregistrer leurs chorégraphies et ensuite les poster sur Internet. On ne sait jamais qui y tombera dessus et qui voudra ensuite vous contacter pour un quelconque travail ».

Pour ceux qui ont encore des difficultés pour s’ouvrir des points d’ancrage et de fondations dans la danse, n’hésitez pas à visiter Fitness Factory, le bunker des talentueux qui ont déjà excellé dans le domaine. Notre Icône vous y attend de pied ferme et toujours prête pour intervenir en cas de besoin comme elle l’a toujours fait avec d’autres artistes auparavant. « Aujourd’hui nous avons déjà 2 groupes de danseurs professionnels BKM et KOD qui font partie des différents groupes qui font leurs répétitions chez nous. Nous les avons sponsorisés dès leur début en leur offrant l’équipement nécessaire pour pouvoir bien perfectionner leurs pas. Dès le début, la créativité était là, mais ils avaient besoin d’une grande salle avec des miroirs pour pouvoir se regarder dedans et être sûr que leur chorégraphie était synchronisée. Et aujourd’hui, quand tu regardes leurs chorégraphies, la synchronisation y est et leurs mouvements vont de pair ».

Az Dance a aussi fait beaucoup de progrès. Aujourd’hui, vous y rencontrerez des anciens membres qui ont fini par devenir des Coachs pour d’autres élèves. Ils ont plusieurs sessions par semaine : une pour les enfants, l’autre pour les jeunes et les adolescents et enfin une autre pour les adultes. Aziza n’a pas oublié toutes ses années où elle a commencé avec seulement quelques élèves et là où elle en est aujourd’hui. « Un grand merci aux parents de nos élèves qui essayent toujours de rendre ce rêve possible en permettant à leurs enfants de venir passer des cours chez nous. Merci même à ceux qui nous soutiennent pendant nos performances en nous prêtant les habits traditionnels et tout ce dont nous pourrions avoir besoin. Le Bollywood au Burundi en est où il est grâce à eux».
Pour finir, on n’a pas oublié de lui demander ce qu’elle nous prépare pour la prochaine fois, et voici ce qu’elle nous a répondu : « Il y a encore tellement de choses à faire sur mon projet présent sur la santé mentale. Je ne sais pas encore quand viendra mon prochain projet, mais ce qui est intéressant, c’est que les gens commencent à m’approcher pour me proposer de prochains sujets sur lesquels je pourrais travailler dessus. J’ai toute une liste, mais c’est encore à prévoir. »


Questions / Réponses : Get to know The Icon


Q.1: Mme Aziza, y aurait-il une phrase ou un mot en Kirundi que vous savez prononcer et qui vous sauve la mise chaque fois que vous faites vos activités avec des Burundais qui ne savent pas parler une autre langue que le kirundi ?


Amahoro, urakomeye ? j’ai trouvé que les gens adorent cela. Et l’autre, c’est « Turi Kumwe »


Q.2: Quelle est votre marque de cosmétiques préférées ici au Burundi? Êtes-vous plutôt Team Farnas, Team Nabira ou Team Keva?


Je suis Team Farnas, c’est une artiste qui a une très grande personnalité et très créative dans tout ce qu’elle fait. C est très facile de travailler avec elle parce qu’elle est très flexible et très ouverte d’esprit. On fait une super collaboration dans nos projets ; sans oublier qu’elle a de très bons produits cosmétiques.


Q.3: Un styliste burundais ou une maison de mode avec qui vous avez déjà collaboré et dont le travail vous a conquise?

Je suis une très grande fan de The Mith House, ensuite Ucoco Brand et les stylistes Viji et Ousmane.


Q 4: Quel est l’article mode que vous chérissez et qui ne doit jamais quitter votre sac à main?


J’ai toujours une écharpe sur moi, je l’ai toujours dans mon sac tous les jours pour me protéger du froid. Et c’est devenu un article mode que j’ai toujours dans ma garde-robe et en toutes les couleurs possibles qui peuvent aller avec mes tenues.


Q 5: Nous sommes curieux de savoir comment votre mari a réussi à vous arracher un « oui » pour la vie? Comment avez-vous su que c’est l’homme de votre vie?

Sa patience et sa persistance m’ont fait flancher. Imaginez que ça lui aura pris 6 mois de persistance pour que nous ayons enfin notre premier baiser. Après, ça lui aura pris 10 ans de patience pour qu’on se décide enfin à vivre ensemble pour toute la vie. 

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