
« Il marchait derrière moi, à pas de loup. Il ne disait rien, il marchait, c’est tout. J’aurais préféré qu’il parle, qu’il me hurle dessus, peut-être aurais-je été plus consciente de ce qui allait suivre, peut-être aurais-je préparé mon cerveau en conséquence. Mais ce ne fut pas le cas et je me retrouvai dans ses filets. Je m’appelle Anita*, j’ai 18 ans, et aujourd’hui je raconte mon témoignage.»
«Quand ça m’est arrivé, je rentrais du travail, c’était le soir et ce jour-là, personne ne m’accompagnait, j’avais travaillé tard et dans mon métier, c’est à qui mieux mieux sur les pourboires. Mais un étrange sentiment ne me quittait pas au fur et à mesure que le temps avançait. Croyant que c’est la peur de rentrer tard et de me faire encore engueuler par mes parents, je n’y prêtais pas trop attention. »
«Dans cette ruelle à deux pas de chez moi, il m’a violentée, mes cris ne se sont pas fait entendre et mon désespoir encore moins. Comment l’avouer à mon père et à ma mère ? Comment va-t-on me voir dans le quartier après ça ? Oui, j’avais reconnu mon agresseur, mais comment en parler ? Une traînée, d’ailleurs pourquoi marchait-t-elle seule à cette heure-là ? Elle l’a bien cherché… Voilà ce qu’ils diront, mais était-ce véritablement ma faute ?»
Les violences basées sur le genre et le VIH
72 heures, voilà la période préalable dans laquelle il faudra administrer le TPE : le Traitement Post Exposition sous peine qu’à la fin de ladite période la personne se voit être infectée par le VIH et au SIDA.
Selon le site web (catie.ca), il existe un lien direct entre les VBG et le VIH, car, par exemple pour le cas de la personne violentée, le risque de contamination est d’autant plus grand, car dans ce cas-ci, la personne est limitée dans ces capacités de pouvoir entre autres se protéger contre le grand risque de contamination. Et spécialement dans les sociétés traditionalistes qui persécutent la victime plus que l’agresseur, les chances que la victime puisse se confier et se faire aider sont très minces.
Au pays du lait et du miel, les chiffres font froid dans le dos
Selon le rapport produit par la Stratégie Nationale de Lutte contre les VBG, Au Burundi, les VBG touchent les victimes d’une répartition inégalitaire comme suit :
- 97 % des victimes sont des femmes.
- 3 % des victimes sont des hommes.
La majorité de ces victimes sont des mineurs, un quart des victimes a moins de 15 ans, tandis qu’un tiers ont moins de 12 ans selon le rapport produit par la stratégie nationale de lutte contre les VBG. En tant que burundais et burundaises, on ne peut que s’offusquer devant ces chiffres qui relatent le quotidien de la plupart de nos frères et sœurs, car oui, si Anita a accepté de raconter son histoire, beaucoup de nos Paul, nos Richard et beaucoup de nos Chris ne le feront jamais pour cause :
- Un manque crucial d’information et de sensibilisation
- La peur de représailles, du fait de l’inexistence d’un cadre légal de protection
- Un système aléatoire d’assistance légale
- Au poids des facteurs socioculturels encore bien trop présents au Burundi.
Si les politiques et textes légaux qui ont été mis en place semblent être la solution, on peut déduire de ces chiffres qu’on est encore bien loin du compte, car tant que la sphère éducative ne sera pas prise en considération et mise en avant, on continuera à pisser dans un violon.