
Les mariages représentent une image très importante dans la société burundaise, un signe de maturité, une preuve de grandeur et de réussite, une ode à la volonté de Dieu. Qui n’a jamais entendu des jeunes femmes se plaindre de se faire harceler par des questions comme “C’est pour quand le mariage?” ou bien ″Quand est-ce que tu nous présenteras ton fiancé”. D’où vient cette obstination, cette obsession de toujours confondre mariage avec réussite ?
La culture, un catalyseur de mariages précoces ?
Le terme mariage précoce fait référence à une union légale, religieuse ou coutumière, entre deux personnes, dans laquelle l’une ou les deux personnes sont âgées de moins de 18 ans. En effet, 30 des 41 pays dans le monde enregistrant un taux de prévalence de mariage précoce de 30 % ou plus, appartiennent à l’Union Africaine.
Dans de nombreuses sociétés, la société burundaise incluse, les parents s’empressent de marier leurs jeunes filles le plus tôt possible pour leur empêcher d’être sexuellement actives avant le mariage et ainsi déshonorer la famille et la communauté. Avec une culture fortement patriarcale au sujet du mariage, les jeunes filles sont vouées à embrasser le sort qui leur est prédestinées.
Emelyne*, jeune fille qui habite dans la province de Kirundo, a été une victime de ces mentalités culturelles : ″ Mon père m’a dit qu’il fallait que je me dépêche de me marier car une fille qui reste trop longtemps chez elle perd de la valeur et risque de ne plus susciter de l’intérêt aux potentiels prétendants.” Elle ajoute : ″ Mon père m’a explicitement dit ‘umukobwa ni uwo kurongorwa’ (NDLR. Une fille est seulement bonne à marier.) Avec la précarité financière qui sévissait dans ma famille, je me suis mariée à 16 ans, j’ai dû abandonner l’école, car tout le monde autour de moi me disait que j’étais en train de perdre mon temps. ‶
Jeannette, jeune fille de la province de Karusi, s’est mariée à l’âge de 17 ans malgré elle, poussée par un vent violent d’idéologies sur la place de la femme dans la société burundaise. ″ Ma mère me disait toujours que mes études n’allaient me mener à rien, mon futur et mon avenir se trouvaient dans mon mariage, comme quoi mon mari représentait mon honneur et ma réussite‶ : a dit Jeannette.
Mariages précoces, un eldorado pour la jeune fille ?
Nombreuses familles marient leurs filles en pensant que cette union leur fera sortir de la pauvreté ou bien que la fille sera protégée de violences ou de vagabondages sexuels. Les mariages précoces, contrairement aux idées reçues, sortent très rarement les jeunes filles de la pauvreté. Ces pauvres se retrouvent la plupart des fois, isolées, coupées du reste du monde et privées d’éducation.
Néanmoins, les mariages précoces ne sont pas toujours forcés, car il y a des fois où les filles développent un besoin de ne plus être un poids financier chez leurs parents. Ce désir d’émancipation se traduit en mariage précoce, une émancipation qui trahit ces pauvres jeunes filles.
Les mariages précoces ont de graves répercussions sur le développement économique et social de tout un pays. L’absence d’activité professionnelle de ces jeunes filles constitue une mine d’or non exploitée qui pourrait contribuer au développement économique de tout un pays. Il est donc très important de sensibiliser la communauté sur l’importance d’une femme instruite et cultivée, pilier d’un développement durable et continu.