
Si vous avez l’occasion d’assister à une cérémonie d’investiture d’un mushingantahe (ndlr. Sage notable des collines et médiateur de la société burundaise), vous découvrirez par la même élégance de l’habillement traditionnel.
A quelle occasion le porte-t-on ?
Le mushingantahe est investi au cours d’une cérémonie solennelle, où, dans son enclos, tout le village se donne rendez -vous pour assister à l’intégration au corps des sages du nouveau membre qui a franchi toutes les étapes de la probation.
Autrefois, quand un homme portait l’imbega, il se sentait aussi élégant que ceux qui portent des costards et des smokings aujourd’hui. D’ailleurs de plus en plus de jeunes hommes délaissent le costard pour adopter ce somptueux habit traditionnel pour leurs fêtes de remise de dot. Retour aux sources ou imitation sans comprendre les sources ?

Comment les confectionne-t-on ?
Remontons un peu dans le temps avec Simon Karegeya, notre septuagénaire qui nous explique, par des souvenirs de son enfance, comment se confectionnait cet accoutrement.
« C’était des étoffes fabriquées dans des écorces d’arbres de ficus. Le travail consistait à écorcer l’arbre et à battre le morceau avec un maillet pour le rendre souple. On pouvait alors l’étendre dans un cours d’eau calme pour qu’il acquière une consistance plus solide et une couleur grise, ou dans la terre brune pour prendre sa couleur. On le peignait alors avec divers motifs, en lignes ou en cercle à l’aide de la sève de certaines plantes. Ce sont les pagnes obtenus qui constituaient donc cet ensemble. À cela, on ajoutait un pendentif en forme de lune, porté au cou qui était taillé dans l’os d’un animal aujourd’hui disparu appelé intimba.» Nous a-t-il raconté. Aujourd’hui, la rareté de ces tissus en peau d’arbre fait que, ces derniers sont souvent remplacés par des tissus plus modernes et le pendentif est souvent remplacé par un collier de perles (ubuyeye) serré au cou.

Comment le porte-t-on ?
L’accoutrement est constitué de trois pagnes différents. Deux d’entre eux sont longs et l’autre est court.
Le premier pagne se noue par les deux bouts du haut sur l’épaule gauche. Le second est noué à l’épaule droite. Le troisième, lui, est court et il est attaché à l’une des épaules, soit la gauche soit la droite.
Comme ce que l’on pourrait qualifier d’accessoires symboliques, le mushingantahe tient une lance dans la main. Cette lance représente ce que l’on appelle « intahe » qui est un bâton de commandement utilisé pour trancher les litiges autrefois. Cette pratique existe toujours dans certaines régions du pays.