
Malgré une médiatisation remarquable et des échanges éducatifs sur les menstruations, on observe toujours un vent discret de tabou qui laisse toujours une partie enfermée sur le sujet des règles. Cinq mille mots, eh oui, sont des termes qui relatent les règles pour ne pas les décrire directement. Certains les voient comme quelque chose de dégueulasse, interdiction d’en parler, ça ne se dit pas à haute voix. Alors, pourquoi cette diabolisation et superstitions autour des menstruations ?
Une période embarrassante et insupportable
Considéré comme impur, souillé et avilissant, le sang menstruel a longtemps été associé au châtiment subi par Eve après avoir mangé au fruit défendu selon la religion judéo-chrétienne ou alors, à une maladie liée à l’imperfection de la femme selon certaines religions. Aujourd’hui, un rabbin ne peut serrer la main d’une femme lorsqu’elle est en période menstruelle. Dans d’autres civilisations, le saignement représente des pouvoirs maléfiques et démoniaques provoquant la mort à toute personne qui s’en approche. Dans certaines régions de l’Inde, il est interdit à la femme de toucher à quoi que ce soit du fait de son état souillant et impur.
Au Burundi, la situation n’est pas moindre, car on voit toujours que les gens ont peur d’en parler, car ils considèrent que ce sont des sujets qui n’ont quasiment pas le droit de se parler à haute voix. Ce qui fait que les femmes en période menstruelle feront tout pour rester silencieuses, faire en sorte à ce qu’il n’y ait aucune trace qui pourrait laisser penser qu’elles ont les règles.
Amandine, 26 ans, mariée, nous fait part de son vécu : ″ Un jour, j’ai oublié de jeter un tampon déjà utilisé sur un placard qui est dans notre salle de bain. Après avoir vu le tampon complètement taché de sang, mon mari était du genre, non mais enlève-moi ces horreurs, c’est immonde. C’est quelque chose qui m’a beaucoup fait souffrir, spécialement lorsque ça vient de quelqu’un avec qui je suis supposée être intime ‶
Pouvoir dire : Je saigne !

Vous avez sûrement entendu les métaphores que les Burundaises utilisent quand il s’agit de dire qu’elles ont les règles. Vous entendrez sûrement certaines dire : ″Ndi mu bi choses‶, ″Cecile yaje‶, ″Ndi mu kibada‶ et bien d’autres.
Une femme devrait se sentir libre de dire qu’elle n’est pas dans son assiette parce qu’elle a les règles tout simplement. Cela devrait être aussi simple que de dire qu’on a une petite fièvre, des maux de tête ou bien une indigestion. Cela ne devrait être en aucun cas quelque chose de vulgaire ou d’indisposant. Les règles sont normales, en parler devrait l’être aussi.
Un sujet qui alimente le sexisme
Pas mal de personnes utilisent cette condition naturelle de la femme comme une faiblesse. Cette dernière renforce les préjugés vis-à-vis des femmes, présomptions susceptibles d’exclure les femmes à saisir les mêmes opportunités que les hommes dans différents secteurs. Il y a des idées reçues qui avancent un ralentissement de productivité lorsqu’une femme est en période de menstruations.
Les femmes n’ont pas besoin d’être freinées dans leurs activités quotidiennes en raison de menstruations. Si la liberté de pouvoir en parler pleinement sans aucun détour était présente, cela faciliterait beaucoup à la femme de s’ajuster dans ses activités quotidiennes pour rester productive.
Les règles sont complètement naturelles et représentent au contraire la force de la femme, une force qui lui permet de s’affranchir malgré les douleurs qu’elle peut éprouver. Il est grand temps d’accepter qu’elles font partie de la vie et de les accueillir comme un signe que le corps de la femme fait exactement ce qu’il est supposé faire. Il est complètement absurde de considérer cela comme quelque chose de gênant ou d’affligeant.