Dès sa naissance, M. Alfred Aubin Mugenzi, né en 1983, fut surnommé « Kigingi » par son oncle en référence à sa grande taille et son teint très foncé. Ce n’est que plus tard, vers l’année 2012, qu’un simple surnom deviendra une légende.
Sans aucun doute, si vous vivez au Burundi, vous avez sûrement entendu parler de lui soit à la radio ou sur les réseaux sociaux. Ou si ce n’est le cas, peut-être dans votre entourage ou mu kibano comme on le dit si bien dans notre langage rundi.
Le nom de Kigingi est devenu tellement influent qu’il s’est imposé dans nos discussions ; grands et petits, de la capitale jusqu’à l’intérieur du pays, ses fans se multiplient de jour en jour. Alors qu’est-ce qui rend cet homme si iconique? Venez le découvrir avec nous à travers ce numéro spécial qui lui est dédié.
Le background d’une star !
Né dans une famille de 4 enfants, il a grandi en pleine Bujumbura Mairie, la capitale économique du Burundi. Avec un diplôme obtenu dans un lycée technique en 2007, il a rebondi de sa chaise tout en essayant de se trouver un repère et un but dans la vie. Il a tout essayé selon lui, de cameraman à photographe en passant par le basketball et le football, selon lui, c’était la liste de professions qu’il pouvait s’offrir.
Il ne savait pas encore qu’un talent extraordinaire se cachait en lui depuis longtemps. « Quand j’étais petit, j’imitais Nyamoya Jean Pierre à la maison ; et ma famille aimait mes pièces tant qu’ils me disaient que je pouvais moi aussi lui ressembler. Mais c’était encore très confus dans ma tête, je ne me rendais pas compte de ce talent qui sommeillait en moi, surtout vu qu’il n’y avait pas de figures de modèle dans l’industrie à qui je pouvais me référer. » Se souvient-il.
Ce n’est qu’en 2012 qu’il commence enfin à monter sur scène avec ses amis. C’était une année caractérisé par le coming out des jeunes acteurs qui jouaient des théâtres et des spectacles dans les bars. « C’était surtout les jeunes qui venaient nous voir jouer, ce n’est que plus tard qu’on engagera le grand public avec des personnes âgées. Et ce ne fut pas facile, vu que ça leur a pris du temps pour s’intéresser à ce nouveau style de divertissement. » se rappelle-t-il.
S’il y a bien un artiste qui sait comment engager son audience, et remplir toute une salle, c’est bien Kigingi. « Dès mes débuts en 2012, il y avait beaucoup de personnes qui aimaient déjà venir me voir sur scène. Et c’est en 2013, que les bars où je faisais mes spectacles ont commencé à se remplir et j’ai tout de suite compris qu’il fallait que je passe au niveau supérieur. D’où alors j’ai commencé à préparer mes spectacles à un haut niveau.»
« Mon premier grand spectacle était en 2016, dès mon retour du Rwanda. J’y avais appris beaucoup de choses concernant l’organisation d’un spectacle grâce à mes amis qui m’avaient invité dans leur festival. J’ai tout suivi à la lettre, je savais déjà qu’il me fallait un staff, un grand podium, une bonne sonorisation, etc. Et le résultat fut énorme, car il y eut un grand public, tellement que j’ai manqué ou placer mes invités.» Voici comment est né le tout premier Kigingi Summer Comedy. Les années qui ont suivi, le succès fut imminent.
Quand les rêves deviennent une réalité
« Je n’ai pas fait d’école entrepreneuriale, mais je savais en avance, ce que je voulais accomplir. Comme tout être humain, je voulais avoir une belle maison, une voiture, et surtout être capable de prendre soin des miens. Alors j’ai diversifié mon talent pour qu’il ne soit pas seulement sur scène, mais que je puisse l’utiliser pour le boulot de MC lors des événements et cérémonies. »Il n’est surtout pas le premier artiste à être multifonctionnel grâce à son talent. Quand on veut accomplir plus, il faut bien conquérir plus non ? Et c’est ce qui lui permit d’arriver même jusqu’à la radio en 2014.
Grâce à ses émissions qui étaient diffusées sur tout le territoire national, son professionnalisme et surtout sa sauce humoristique, son audience ainsi que sa liste de fans ont augmenté d’un cran. Une liste qui s’est répandue jusqu’à l’étranger. « Mes spectacles à l’étranger sont des expériences nostalgiques que je partage avec la diaspora burundaise qui vit là-bas. Ils sont loin de chez eux, et parfois ce petit brin d’énergie que j’apporte pour leur rappeler d’où ils viennent, leur permet de revivre le Ak’iwacu par excellence. »
« De mon côté, j’apprends beaucoup de mes voyages, cela me permet de faire du networking et d’apprendre plus auprès d’autres grands comédiens célèbres qui vivent là-bas. C’est bien grâce à cela que je me perfectionne de jour en jour et m’améliore dans tout ce que je fais. »
Vous saurez qu’après son passage en Belgique, la diaspora qui réside en Suède lui a aussi organisé un spectacle à Uppsala au mois d’octobre. Après, il compte passer en France, à Toulouse et à Paris pour donner des spectacles à la diaspora qui vit là-bas.
Le futur de l’industrie du divertissement
Selon Kigingi, la marche vers le succès est encore longue ; et bien d’autres jeunes talents auraient encore besoin de soutien pour accomplir leur destinée. « Les jeunes avec le talent d’humoriste sont nombreux, mais hélas, c’est encore difficile pour eux d’acquérir le savoir-faire nécessaire pour pouvoir se lancer dans le métier.»
L’art d’exercer, le savoir-faire pour bien manier son talent, et surtout un peu de mentorat de la part d’un pro. « J’essaye comme je peux pour les aider, c’est pour cela que vous verrez que dans mes spectacles, je leur donne la chance eux aussi d’être sur les projecteurs. Nguma nzana amasura mashasha, hhhh. »
« J’aimerais continuer à faire des tournées nationales comme celle de 2019 où j’ai parcouru les provinces comme : Ngozi, Gitega, Rumonge en compagnie de ces jeunes adhérents. Mais ces tournées demandent plus de ressources et de matériels. C’est pour cela que nous demandons à tous ceux qui le peuvent, d’investir en nous et dans notre industrie. Nous avons encore beaucoup de choses à vous offrir, faites-nous confiance. »
Questions / Réponses : Get to know the Icon
Q1 : Kigingi, quel est le plus beau cadeau que quelqu’un pourrait vous offrir ?
J’aime beaucoup les chaussures, alors une belle paire ferait l’affaire ou sinon pourquoi pas une voiture, hahaha
Q2 : Comment s’occupe Kigingi pendant ses temps libres ?
Durant mon temps libre, je regarde beaucoup les films et les vidéos documentaires pour rester à jour sur ce qui se passe dans le monde. Et comme tout jeune burundais, on se rencontre souvent en groupe avec quelques amis pour chiller et partager quelques bières.
Q3 : Quel est le plat préféré de Kigingi ?
Les frites bien sûr, même si ma femme me gronde tout le temps à propos de ça. Mais que voulez-vous, je les trouve très délicieuses.
Q4 : En parlant de votre femme, comment lui avez-vous déclaré votre flamme ?
On chattait souvent sur WhatsApp, les sentiments étaient déjà là. Et un beau jour, je me suis décidé, je l’ai invitée à sortir, on a partagé quelques brochettes, et puis au moment opportun, j’ai pris sa main et je lui ai soufflé : « Erega jewe harya vyaranse, vyarononekaye rwose, ibara ryaraguye, … »
Q5 : Parlons mode, y aurait-il un styliste avec qui vous avez déjà travaillé et que vous aimez sa touche ?
J’ai longtemps travaillé avec Bedel de chez Timiza Fashion. C’est lui qui m’a fabriqué ma toute première tenue de scène et jusqu’à aujourd’hui, on collabore très bien ensemble. Il me comprend facilement, et sait très bien comment me surprendre.
Q6 : Dans vos nombreuses présentations, lors de vos spots publicitaires, on vous voit incarner une femme, comment arrivez-vous à vous relooker si bien ?
Avant de me marier, j’utilisais les vêtements de ma mère, et maintenant, j’utilise ceux de ma femme. Et pour la mise en beauté, je loue les perruques et je trouve une personne pour me maquiller.
Q7 : Kigingi, vous venez de célébrer 10 ans dans le métier en tant qu’humoriste, y aurait-il une personne que vous aimeriez remercier pour votre succès ?
J’aimerais beaucoup remercier mon ami depuis toujours : Nsabimana Aimé de chez Aimé Home. Il a été la première personne à avoir cru en moi et m’a soutenu dès mes débuts. Il m’a pris la main et m’a guidé vers les devants de la scène. Je ne l’oublierais jamais, et je lui en suis tellement reconnaissant. Et bien évidemment, je n’oublierai pas ma magnifique femme, celle qui est toujours à mes côtés et qui fait de moi l’homme le plus heureux du monde. Son soutien est incommensurable.
