
Un cauchemar, un suicide social, un enfer flambant, tels sont les sentiments que les parents éprouvent lorsque leurs filles adolescentes leur informent qu’elles sont enceintes. Les grossesses précoces sont sûrement une des choses qui poussent à l’abandon scolaire des jeunes filles. Une partie de plaisir qui a viré au vinaigre, un manque d’information, victime d’une manipulation, trahi(e) par la naïveté. Il y a mille et une causes qui pourraient expliquer les grossesses précoces, mais est-ce que ces dernières devraient nécessairement s’accorder avec un ″ oui, je le veux ? ‶
Un moment paradisiaque
Francine*, 16 ans, est une élève d’un lycée qui se trouve dans la province de Rumonge. La jeune Francine rencontre un homme de la trentaine qui est venu s’installer sur la colline où elle vit. Adolescente, Francine* expérimente des changements physiques et physiologiques qu’elle ne comprend point. À qui en parler, elle n’a personne en tête.
Des jours, des mois passent, Francine s’éprend de Pierre, le jeune trentenaire. Ce dernier profite de la situation, il veut juste passer un moment passionnel avec Francine, rien de plus sérieux. Des petits cadeaux, des petits messages d’amour et d’affection, Francine est aux anges, elle a des papillons dans le ventre. « Pierre représentait pour moi, un refuge, quelqu’un en qui je pouvais avoir confiance, bref, l’homme idéal » : confie Francine.
Pierre avoue à Francine qu’il veut être plus intime avec elle, un sentiment qui a également déjà effleuré le corps et l’esprit de Francine. Cette petite ne s’y connaît en rien, elle croit pouvoir vivre une idylle avec son amoureux. « Pierre m’a dit qu’il n’y avait rien à craindre, que les gens qui s’aiment expriment cela d’une manière plus rapprochée. Je me suis laissé aller, car il n’y avait aucune raison de m’en méfier, tout paraissait très beau et romantique.» : ajoute Francine.
Une pierre, deux coups
Après un voyage imbu de découvertes pour Francine et une excursion édénique pour Pierre, les retombées n’ont pas tardé à s’abattre sur le couple. « J’ai commencé à avoir des nausées matinales, le retard des règles s’en est suivi et je sentais mes seins prendre du volume. Je n’avais jamais vécu cela et j’avais peur d’en parler à qui que ce soit. » a dit Francine.
Après quelques semaines, Francine apprit qu’elle était enceinte, elle qui ne savait même pas qu’elle pouvait l’être à un si jeune âge. La famille de Francine s’est sentie trahie et indignée, et elle a donc fait appel à la famille de Pierre. Ce dernier devait assumer les responsabilités de ses actes, il devait la prendre comme épouse. Pierre a un travail stable, il subviendra aux besoins de sa nouvelle famille.
Francine va avoir un bébé et un mari, un record éclair, car elle n’a que 16 ans et tout s’est passé tellement vite, quitte à la laisser désemparée. Francine abandonne l’école avec zéro espoir de regagner les bancs de la classe de 8e année dans son lycée. Elle dit au revoir à ses rêves et elle déménage avec ses valises et son bébé en route. « C’est en vivant avec mon soi-disant mari que j’ai vu ses vraies couleurs. Pierre me battait à longueur de journée, je subissais chez lui toutes sortes de violences » : confie-t-elle.
Le nombre de grossesses en milieu scolaire a régressé selon les statistiques produites par le ministère de l’éducation, de 2014 à 2019. Ces statistiques montrent que 1.233 filles ont quitté l’école durant l’année scolaire 2019-2020.
Ces cas concernent beaucoup plus la tranche d’âge de 16 à 23 ans dans l’ensemble et de 13 à 15 ans dans les écoles fondamentales.
Malheureusement, les auteurs de ces grossesses précoces sont faiblement sanctionnés, car beaucoup de cas sont traités à l’amiable, d’où les mariages précoces.
Les jeunes filles ont besoin d’être informées sur les comportements à risque en matière de santé reproductive. Il faut que les parents arrêtent de considérer ce sujet comme un tabou.
Et les auteurs de ces grossesses précoces doivent être sanctionnés conformément à la loi.