Ah les mariages, ces événements qui caressent un sentiment de fierté et de succès, on se sent d’un coup affranchi(e), sensationnel(le) et remarquable. Les mariages au Burundi sont une affaire très adorée de pas mal de burundais, c’est la crème de la crème, en gros le but ultime dans la vie. Dans cette course contre la montre, la gent féminine est la plus exposée à la pression que leur impose le mariage, peut-être y aurait-il des raisons ?
Un mari et je gagne au jackpot
Alice, 17 ans, jeune adolescente vivant dans la province de Kirundo n’a qu’un seul rêve, celui d’être appelée «Muka Kanaka» (madame quelqu’un ndlr). Elle est en 7e année secondaire à un lycée qui se trouve à quelques kilomètres de chez elle et oui mademoiselle a un petit copain.
« J’ai rencontré mon petit copain quand j’avais 15 ans grâce à une voisine qui se trouve être sa cousine, le gars venait beaucoup rendre visite à la famille de ma voisine et c’est comme ça que nous avons fini par sortir ensemble.» Alice est aux anges depuis que son copain lui a dit qu’elle était la seule et qu’il voulait passer le restant de ses jours avec elle.
« Eric est quelqu’un de travailleur et du genre très sérieux. Après la fin de ses études secondaires, il a décidé de se lancer dans le monde de l’Agriculture. Cela fait pas mal d’années qu’il gagne sa vie grâce à cela, alors je trouve que si je dois me marier, je dois le faire là maintenant, si non il se trouvera une autre.» : se disait Alice.
Alice est super excitée après ce que son petit copain lui a révélé, elle ne peut plus attendre d’aller donner les nouvelles à sa famille « Je n’aurais pas besoin de continuer mes études, je n’y vois franchement aucune importance. Je trouve que je serais extrêmement occupée dans mon rôle d’épouse et de future mère, le reste n’est vraiment pas important.» se disait la bride to be. Comme on le dit si souvent, être une femme au foyer est un full-time job, Alice, elle, a bien compris cela avant qu’elle ne soit même mariée.
Des regrets à l’horizon
Cela fait 3 ans qu’Alice s’est mariée, elle a maintenant 20 ans, une fille et un futur bébé qui s’apprête à rejoindre le squad. Malheureusement, les choses ne se sont pas passées comme elle l’avait imaginé, « Je croyais que le fait d’abandonner l’école pour me marier allait m’ouvrir bien plus de portes. Je me voyais libre et complètement épanouie, tout le monde m’enviait, tout le monde disait que j’avais de la chance d’être mariée si jeune, cela prouvait que j’étais mature.»
«Aah s’ils savaient, si ces pauvres gens savaient comment je me fais humilier par celui supposé être mon mari, s’ils savaient comment je me fais sermonner comme une fillette, s’ils savaient comment je me fais tabasser parce que je n’ai pas pu répondre aux besoins et satisfactions de monsieur mon mari.» reprend Alice.
De jeunes filles comme Alice, désillusionnées, déçues et désenchantées, il y en a des tonnes au Burundi. Des filles qui auraient joué de grands rôles dans l’économie du pays se voient envoyées au cachot que leur imposent les mariages précoces. Elles veulent maintenant pouvoir être libres, pouvoir respirer et exprimer leur passion mais, elles ne le peuvent plus car elles vivent dans des foyers où elles se sentent recluses et dépourvues de tout espoir.
