
Cette longue traînée de sang sortant de soi, cette douleur indescriptible, et ce rêve brisé… On ne peut qu’imaginer la douleur que nos sœurs, mères, tantes ont ressenti au moment de leur fausses-couches.
Une fausse couche est une interruption accidentelle de la grossesse entrainant la mort du fœtus. Si le traitement que la mère prend semble être compréhensible pour tout le monde, un autre semble poser problème.
En effet, les médicaments ne suffisent pas souvent à guérir un tel traumatisme, car, oui, une véritable blessure interne s’est ouverte et doit être pensée plus efficacement. Là, on ne parlera pas de compresses ou de dettol ou autres, mais d’un pansement psychique. Sur les quelques milliers de femmes traitées pour avoir vécu une fausse-couche, très peu prennent le temps de se faire traiter physiologiquement. Entre autres, très peu vont demander l’aide d’un psychologue, tel que nous le raconte Madame Déborah IRAKIZA, Psychologue de formation et de profession.

BM : Bonjour Madame Déborah, merci d’avoir bien voulu répondre à nos questions. Madame, parlez-nous un peu de vous.
Mme Déborah : Je réponds au doux nom de Déborah IRAKIZA, je suis burundaise, je suis psychologue de formation et de profession. De par mon expérience professionnelle, j’ai eu l’opportunité d’exercer dans une ONG pendant 3 ans, avant de prendre la décision en mars 2022 d’ouvrir mon propre cabinet.
BM : Nous entendons depuis peu des termes comme Mental Health ou autres qu’est-ce que ça veut dire ?
Mme Déborah : la santé mentale est traduite comme l’état de bien-être chez quelqu’un qui lui permet de faire face aux différentes difficultés de la vie et d’affronter les défis de la vie et d’affronter les défis de la vie et de bien socialiser avec l’entourage, de prendre une décision par rapport à une situation donnée. Elle est très importante dans le sens ou cela aide à vivre en harmonie dans la société.
BM : Depuis peu, on s’interroge sur le lien entre les fausses-couches et la santé mentale, y a-t-il un quelconque lien, quel est votre ressenti par rapport à cela ?
Mme Déborah : oui, absolument, il existe un lien indélébile entre la tragédie de la fausse-couche et les séquelles psychologiques qu’elle engendre surtout lorsqu’elle n’est pas traitée à temps.
En effet, dans mon cabinet, il m’arrive d’y rencontrer des femmes brisées, dépressives sans savoir pourquoi, et vienne me demander pourquoi elles pleurent tout le temps par exemple ou pourquoi elle ressente cet immense chagrin et souvent, c’est parce qu’elles ont une blessure qui n’a pas été guérie ou bien traitée dans l’esprit et dans le corps.
BM: Comment une fausse-couche provoque-t-il un tel chagrin ?
Mme Déborah : en parlant de fausses-couches, il est important de rappeler, qu’il existe deux types de fausses-couches, la fausse couche précoce : qui survient dans les premiers mois de grossesse et la fausse couche tardive : qui est souvent la plus douloureuse, qui survient à partir du cinquième mois.
Il faut d’abord comprendre qu’une fausse-couche est d’abord et avant tout un traumatisme pour la femme, car la maman s’est déjà habitué à être une maman, elle s’est déjà attaché à son fœtus et donc l’aime déjà. De plus, cet être vit en elle, donc il existe déjà un lien assez fort et quand il perd la vie ou quand son enfant arrête de respirer, la première sensation qu’elle va ressentir, c’est la culpabilité. Elle va souvent se dire que c’est de ma faute.
Cela crée un profond mal être en elle qui quand il n’est pas traité peut conduire à des maladies plus graves telles que la Dépression et autres.
BM: Alors que faire pour s’en sortir, lorsque cette tragédie survient ?
Mme Déborah : la première chose, c’est d’aller voir un médecin, prendre son traitement et surtout de faire une thérapie, une thérapie individuelle au départ et puis enfin une thérapie de couple ; car oui, il ne faut pas oublier que ce n’est pas la femme qui a perdu seulement. C’est le couple qui a perdu un enfant. Certes, oui, la femme a ressenti plus intensément dans sa chair, mais c’est une perte pour tous les deux et tous les deux ont besoin de guérir pour le bien et la bonne santé de leur couple.
Prendre le temps de guérir est donc un aspect crucial si on veut avancer et aller de l’avant, mais surtout pour se reconstruire et se construire un avenir plus radieux.