Women empowerment

Une femme qui gagne plus : Une abomination ?

Au Burundi et bien aux quatre coins de la planète, les femmes sont traitées d’une manière qu’on essaie encore de déchiffrer. Avec le féminisme qui se mélange petit à petit au patriarcat vieux comme le monde, nos mères, nos sœurs, nos filles se heurtent toujours à des barrières qui leur mettent les bâtons dans les roues. Dans cette éternelle ambiguïté, la femme est toujours condamnée à venir en second dans tous les domaines de la vie.

Tu réussiras ma belle, mais n’en fais pas trop !

Chimamanda Ngozi Adichie, une écrivaine nigériane, a dit : « Nous enseignons nos filles à se rétrécir, nous leur disons qu’elles peuvent avoir de l’ambition, mais pas trop. Elles devraient aspirer à réussir, mais pas trop sinon elles seraient des menaces pour les hommes.»

Au Burundi, la même chanson est jouée dans tous les recoins du pays. On entendra dire « Nta nkoko ibika isake ihari » (Une poule ne peut point chanter en présence d’un coq) ou « Urugo rutagira umugabo nta jambo rugira » (Un foyer dépourvu de présence masculine n’a aucune autorité.) Tous ces termes se mêlent à l’éducation des enfants burundais ainsi que leur quotidien à un point de non-retour dans leurs esprits.

Les jeunes filles ne sont pas oubliées dans l’équation, elles grandissent en étant convaincues qu’elles ne peuvent pas trop en faire. Leur seule vraie réussite se résume à leur capacité à bien se charger de leurs foyers, leurs mariages, ni plus ni moins.

Une fierté à la poubelle

C’est un certain samedi aux environs de 16 h où un groupe de jeunes hommes sont assis tous ensemble en train de siroter quelques bières sous un soleil timidement fuyant. Pierre, la quarantaine, s’écrie : «Jeunes hommes qui ne sont pas encore mariés, je vous conseille fortement de ne jamais épouser une femme qui touche un salaire supérieur au vôtre. Ces femmes ne vous respecteront pas, elles ne reconnaîtront pas votre autorité en tant que chef de la maison».

En gros, une femme qui gagne plus que son mari gifle la fierté de ce dernier, elle ne va plus honorer son mari, elle se comportera comme bon lui semble. Jules, 30 ans est intrigué par ce sujet et vient à se poser quelques questions : «La plupart des fois, ce sont les hommes qui se comportent comme ils veulent dans leurs foyers, ils prennent des décisions sans aviser leurs épouses, il les déshonore à longueur du temps, mais là, on ne dit rien. Pourquoi est-ce que quand c’est la femme qui se comporte de la sorte, cela devient alarmant et inadmissible ?»

Un complexe qui n’a pas sa place au 21e siècle

« Les hommes sont hantés par un complexe d’infériorité hors normes. Ils ne sont pas habitués à un retournement de situation pareil, raison pour laquelle ils vont développer un sentiment de révolte tout en créant des hypothèses qui n’ont aucun fondement» : a dit Germaine, 47 ans, maman de 4 enfants.

La simple idée de voir une femme pourvoir aux besoins financiers quotidiens de son foyer fait l’effet d’une douche froide à leurs maris. 

Un phénomène qui s’est accordé en divorce pour Jacqueline, jeune maman de 32 ans. « Mon ex-mari a été licencié de son boulot précédent. Après, il a commencé à faire des petits deals avec des revenus pas très conséquents. Pendant ce temps-là, moi, j’ai un job avec un salaire bien musclé. Les choses ont commencé à basculer petit à petit. Il m’accusait d’infidélité, il m’insultait devant les enfants jusqu’à un point où il m’a ordonné de démissionner ou sinon il allait me chasser de la maison.» Jacqueline ajoute : « Il a commencé à me frapper, il me menaçait à longueur de journée jusqu’à ce que je décide qu’il était temps que je protège ma vie.»

Les idées patriarcales reçues sur la place de la femme dans un foyer ont indéniablement atteint leur date de péremption. Le slogan du 21e siècle est ″ No gender roles, we both hustle‶ (Plus de rôles dépendant du genre, on travaille main dans la main). Serait-il temps que les hommes se libèrent de cette obsession de supériorité ? Un climat de complémentarité et d’interdépendance entre conjoints est-il à espérer ?

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