
Porter des vêtements tout beaux et tout neufs est certainement tout ce dont tout le monde aimerait pour bien garnir sa garde-robe.
Mais est-ce que vous connaissez le ‘vayura’ (ndlr. la friperie), cet espace de mode où on peut tomber sur des mines d’or et de diamants, en plus à bas prix ? Les plus grandes marques de mode s’y bousculent. Seul bémol, pour atteindre ce trésor, il faut avoir un œil de lynx, savoir là où chercher et bien sûr être doté d’une patience ahurissante.
Il est indéniable que pas mal de burundais(ses) sont déjà parti(es)s à cette chasse au trésor. Qui ne s’est pas un jour dégoté une chemise renversante, une robe digne du Met Gala, ou bien une lingerie à couper le souffle ? En plus, tout cela à bas prix. Vivons ensemble ce que représente cette friperie et l’influence qu’il a sur le comportement vestimentaire des burundais(es).
Vayura, d’où ça vient ?
Les vêtements proviennent d’un peu partout dans le monde, plus souvent des pays d’Europe, la Chine, le Canada et les USA.
Didace, commissionnaire, travaille dans le business de friperie depuis longtemps nous en parle : «Je mets en contact les propriétaires internationaux de ces ballons de vêtements avec les potentiels acheteurs ici au Burundi. Les prix varient selon les pays exportateurs ainsi que la qualité des vêtements.»
Une ode à l’élégance

Avez-vous déjà voulu sortir quelque part, une fête d’anniversaire, un mariage, une sortie à la plage entre amis mais ne rien avoir à se mettre ? On veut ressembler à ces influenceurs et influenceuses mode du gram, mais hélas, notre portefeuille est un lâche. Pas de panique, il y a une porte de sortie qui peut se révéler extrêmement surprenante.
Laura, 22 ans, ne cesse de chanter les éloges de la friperie: « Je suis quelqu’une qui adore faire du shopping, je veux toujours avoir de beaux jeans tendance, des chemisiers à la mode, pouvoir porter chaque dimanche une robe différente et Dieu merci, mes petits shoppings dans le vayura à la BNDE ne m’ont jamais trahie. Personnellement, j’adore, car j’arrive à trouver des vêtements totalement chics et coquets, après une demi-heure de fouille et de transpiration bien sûr. Tout le monde se trompe sur moi, croyant que je porte des habits flambants neufs, tout droit sortis de ces magasins chics et distingués. Kumbe…(petits rires)‶»
Khelia, la vingtaine, fait aussi comme Laura: «Je fais du shopping à des heures bien précises car là je peux trouver de beaux vêtements à très bas prix. Je cible en plein centre-ville ces vendeurs de vêtements ambulants et oui, je pêche parfois une panoplie de très belles fringues après des sessions de négociations dignes d’une pièce de théâtre.»
Carel, lui, utilise une autre astuce : «Je me lève très tôt le matin pour arriver au marché Ruvumera au plus tard, à 6h30 du matin. Je dois y aller à cette heure, car c’est là où je peux trouver des vêtements sveltes et de très bonne qualité. Ce n’est pas facile, je dois me lever très tôt et je dois me battre, car là-bas, c’est la loi de la jungle qui y règne. Néanmoins, tous ces efforts valent la peine d’être fournis parce que j’arrive à obtenir un bon paquet de styles vestimentaires à faire craquer.»
Vayura a aussi ses péripéties
Les consommateurs de vêtements de la fripe se plaignent parfois du favoritisme existant dans ce milieu. Les fournisseurs se mettent d’accord avec leurs plus gros clients en leur approvisionnant des vêtements de première qualité que ces derniers vont revendre à des prix plutôt démesurés. Les simples clients vont se retrouver avec une variété de vêtements pas trop élégante, car ils auront été kidnappés par ces gros vendeurs qui vont les revendre à des prix dérogatoires.
Quoi qu’il en soit, la friperie reste une échappatoire vestimentaire qui sauve beaucoup de personnes. Pouvoir porter ce style trop à la mode, ce T-shirt tricolore qui met en valeur tes biceps, ces jeans chics et décontractés, le tout à des sommes modérées, nous sauve de la dépression vestimentaire.