
On a tendance à toujours associer les VBG (violences basées sur le genre) et la gent féminine, on oublie que les hommes peuvent également être des victimes. Oui, les hommes, ces « virils » peuvent subir n’importe quel type de violences, un cachet difficile à avaler pour de nombreuses personnes, les victimes incluses.
Selon IWACU, le centre SERUKA a enregistré en 2019, 91 cas de VBG contre les hommes. Le centre affirme que plus de 95 % de ces cas sont des violences sexuelles où les victimes sont rangées dans l’intervalle de 5 à 15 ans, ainsi que quelques cas d’hommes âgés d’une vingtaine et d’une trentaine d’années. À côté des violences sexuelles, les hommes subissent également des violences d’ordre physique, psychologique ou économique. Un fait avéré par l’Association des Femmes Juristes (AFJ) qui a enregistré en 2019, 20 cas de VBG contre les hommes sur 772 cas, les violences économiques menaient la danse.
Ça arrive aussi aux hommes!
La société ou l’entourage, au Burundi ou ailleurs, tend à ignorer ou à minimiser les violences que peuvent subir les hommes. Une dédramatisation causée par l’image de l’être invincible et vigoureux que doit dégager un homme.
Jospin, 24 ans, a passé des années à ignorer qu’il avait subi un viol : «J’avais 14ans à l’époque, élève de 9e année. Ma camarade de banc qui était 5 ans plus âgée que moi devenait progressivement une amie très proche.» Jospin continue : « Plus le temps passait, plus on devenait très proches. On planifia un jour de nous rencontrer à son domicile pour réviser l’examen de Maths. Assis au salon, la tête dans les livres, je sentis une main se balader au niveau de mon bijou de famille. J’étais choqué, je ne savais pas comment réagir, mais ma camarade m’a calmé en me disant que j’allais aimer ce qu’elle allait me faire. Elle a commencé à se déshabiller tout en me caressant au fur et à mesure. » Jospin n’avait aucune idée de comment interpréter ce qui était en train de se passer, une naïveté et une ignorance qui lui ont plongé dans un viol régulier. «Je sentais que je devais lui obéir, car c’était une personne qui s’intéressait beaucoup à moi, je me sentais vraiment en confiance avec elle. »
Les violences sexuelles peuvent également hanter les hommes, tels que les attouchements sexuels, l’attentat à la pudeur, les harcèlements sexuels ou autres.
Benjamin, 23 ans, un jeune bujumburois nous raconte : «Il y a 8 mois, j’ai commencé à faire de la musculation dans une salle de gym du quartier. Je tiens à préciser que j’étais complètement invisible jusqu’à ce que les résultats de la musculation commencent à se faire voir. Actuellement, un bon nombre de filles veulent maintenant causer avec moi, comme par hasard.» Benjamin arrive à un point où il se sent gêné, car certaines de ses amies se comportent bizarrement avec lui. Il ajoute : « L’autre jour, une amie à moi m’a vu totalement transformé et a commencé à littéralement me tripoter les pectoraux, les bras et les cuisses devant mes autres amis en disant : « Oh wow, tu es devenu tellement sexy ces jours-ci, j’aime vraiment. » J’ai été choqué de me faire traiter de bizarre par mes amis alors qu’une fille était soi-disant en train de me faire des avances, je me suis demandé comment l’entourage l’aurait pris si c’était l’inverse qui se passait.»
Un appel au secours, sûrement pas
L’Association des Femmes Juristes affirme que les hommes subissent également des violences d’ordre verbal et économique. Ce qui reste est de savoir si on est vraiment prêts d’en parler.
Un fait poignant qu’a vécu Stanislas, 41 ans, marié et père de 3 enfants. Il raconte : « Ça fait deux ans que j’ai été licencié de mon boulot et je n’ai trouvé aucun autre job jusqu’à maintenant. Cela veut dire que c’est ma femme qui subvient majoritairement aux besoins quotidiens de notre famille. Depuis mon licenciement, ma femme a commencé à se comporter de manière très irrespectueuse. Elle ne veut plus me parler, elle m’insulte à longueur de journée, me traitant de moins-que-rien et de demi-homme, car je ne suis pas en train de tenir mon rôle d’homme de la maison. Actuellement, elle rentre même à des heures très tardives, souvent ivres et quand je lui demande d’où elle vient, elle m’attaque avec des insultes ». Stanislas ne peut se confier à personne, car cela remettrait en cause sa virilité : « Je ne pourrais jamais me confier à qui que ce soit. On me prendrait pour une tapette, un homme qui ne sait pas gérer sa femme. J’espère qu’elle pourra changer et qu’on pourra vivre en paix, pour le meilleur et pour le pire. »
Certes, les violences subies par les hommes sont très loin d’être comparées aux violences auxquelles font face les femmes dans leur quotidien. Cependant, les VBG contre les hommes ne sont pas à ignorer.